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Six heures plus tard: Stockholm
23 juin 2007

Mon premier midsommar

collectif

C'était en 1999, en Finlande. Après une longue promenade en bateau à travers les îles du nord de Turku, nous étions descendus sur un petit lot de terre avec une cabane rustique en plein milieu. La toilette était non loin de là, impeccable, dans un petit cabinet de bois. Quelques panneaux le long de la plage indiquaient que la cabane s'éclairait grâce à l'énergie solaire et de grands barils semblaient recueillir l'eau de pluie pour la cuisson. Le bateau était chargé de victuailles pour la soirée, et nous avions aidé à décharger les tartes, les pots de hareng, le saumon et les pommes de terre sur la terre ferme.

Je me rappelle d'une balade en chaloupe avec mon amie Sara et son copain Walter à la rame. D'une promenade pour explorer l'île et de la découverte d'une grande clairière qui semblait autrefois être un champ. Je me rappelle de nombreuses parties de cartes et de salmiakki, de grands repas en famille à l'extérieur. Je me souviens de ce matin où, en revenant des toilettes, j'étais tombée sur la grand-mère de Sara qui ne parlait pas anglais. Elle m'avait bredouillé un truc en allemand, et comme je lui avais souri, elle s'était mise en tête que je le parlais. Une adorable femme.

Le midsommar s'était préparé toute la journée. La table était couverte de bonnes choses, dont l'inoubliable graavilohi (gravlax) de la mère de Sarah. Beaucoup d'invités sont venus ce jour là. Des oncles et des tantes (dont l'un a tenté de me convertir -sans succès- au lait caillé), le frère de Sarah et ses copains (tout un numéro ceux-là), des voisins.

Puis ce fut le temps du sauna traditionnel, un moment privilégié où les Finlandais profitent de la vapeur du feu pour socialiser et se détendre. J'ai été bien surprise de voir tout le monde enlever si gaîment ses vêtements et  se jeter plus tard, dans le plus simple appareil, dans la mer glacée. Heureusement, j'ai eu une session de sauna privé en maillot de bain avec mes deux amis, où j'y ai appris tous les rituels. Il faisait bien chaud dans ce sauna, et assise sur la dernière marche, je devais respirer dans mes mains pour ne pas étouffer. Ça sentait bon le bouleau, puisque des branches servaient à activer notre circulation. Mais disons que la fraîcheur de l'eau de pluie avec laquelle nous nous lavions était la bienvenue. Ensuite, nous nous sommes jetés dans la mer pour ensuite retourner au sauna.

Évidemment, les choses se sont animées dans la soirée, et l'alcool coulait à flot du côté des Finlandais, qui chantaient et commençaient à radoter les mêmes vieilles histoires. Nous avons mangé avec nos doigts de drôles de poissons plats, fumés et grillés sur les braises par le père de Sara. Puis une fille a noyé son chagrin d'amour dans le sauna et a perdu connaissance en plongeant du quai. Le soir tombait, même s'il ne fait jamais tout à fait noir à cette hauteur du globe. Les jeunes se sont entassés dans la petite cabane pour discuter et le frère de Sara a préparé des cocktails pour les pauvres petits voisins de 14 ans venus nous saluer. On a regardé le soleil se lever, puis on est tous allés se coucher au grenier.

J'ai eu bien de la chance d'avoir été "adoptée" par cette gentille famille ce weekend-là. Je me souviens d'un midsommar suédois beaucoup plus amer. Le midsommar, comme toute fête nationale, est avant tout une grande réunion en famille et entre amis. En cette veille des célébrations de la Saint-Jean, je vous invite à penser à tous les expatriés et les visiteurs solitaires qui, en ce jour de fête nationale, loin de leur famille et de leur pays, se sentent plus seuls et plus différents que jamais au milieu de vos chants nationaux et de vos pique-niques. Qui initierez-vous à la joie des célébrations cette année?

flag (Bonne St-Jean à mes lecteurs québécois!)

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