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Six heures plus tard: Stockholm
31 août 2011

Une autre rentrée

Septembre est à nos portes, les autobus retrouvent leurs meutes de cégépiens et leur gros sac à dos, les ponts plient de nouveau sous le poids des automobilistes qui retournent au boulot, un petit froid frisquet vient nous réveiller en sortant le matin pour disparaître sous le soleil de l'après-midi... pas de doute: c'est le retour à la normale, la rentrée d'automne.

Si la rentrée a toujours été synonyme de nouvelles classes, de shopping, de cahiers neufs et de renouveau (autant étant enfant que prof), elle prend cette année une couleur bien différente. Cette année, on m'a annoncé qu'on avait pas besoin de mes services à l'école où je m'étais investie à fond l'an dernier, malgré mes maigres heures. Cette année, j'en ai eu trop raz-le-bol du système d'éducation et de la précarité qu'il s'efforce de maintenir. Raz-le-bol d'attendre après un coup de téléphone, alors que je suis impatiente de travailler, pleine d'idées. Marre de voir de brillants collègues, embourbés et aigris par le système, forcés d'accepter des conditions ridicules, faute de mieux. On dit qu'un nouvel emploi est stressant... il dit quoi votre stress-o-mètre quand on change deux à trois fois par année? Il y a quand même des limites. Vous vous trouverez un autre clown, moi j'ai trouvé mieux. 

Adieu salaire de misère, vacances forcées, temps partiel chronique, heures supplémentaires non-payées, réunions interminables, matériel désuet, coup de passe-passe du syndicat, petits bouts de cours accumulés pour tenter de survivre, numéro d'employé inexistant après avoir pourtant travaillé plus d'un an, les déplacements à n'en plus finir, la précarité pure et dure, même après des années d'expérience. J'ai décidé de me réorienter, du moins temporairement. J'ai décroché un contrat de consultante en conception pédagogique. Enfin un travail, un vrai. Le boss: c'est moi. L'horaire: je le choisis. Le projet: hyper motivant. On m'a sélectionnée pour moi, pour mes aptitudes et les connaissances que j'ai développées au cours des dernières années. Je suis pas un numéro sur une liste de rappel. Y a personne qui passe avant moi. Je fais partie d'une équipe de mousquetaires qui compte sur mon apport, mon expertise. On reconnaît chaque minute que je passe sur le projet, chaque réunion et chaque appel. Je ne dis pas que ça va remplacer mes petits immigrants et le plaisir d'avoir une classe, mais c'est fou le bien que ça fait de se sentir reconnue.

Merci à ce système débile de m'avoir découragée au point de m'inscrire à des cours de conception afin de pouvoir espérer un futur meilleur. Merci à ces écoles prônant l'immobilisme au lieu de l'expertise et du talent et qui m'ont fait réaliser que ça ne changerait jamais, et que ce que je voulais, je devrais le trouver ailleur. Merci à ce centre de francisation qui m'a gracieusement jetée et sans lequel je n'aurais jamais eu la rage de passer l'entrevue. Comme quoi l'écoeurement a du bon, si vous savez l'utiliser. 

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Commentaires
M
@Sparadra: Bah, tu avais d'autres projets alors, et c'est la traduction qui te branchait. Tu as suivi tes intérêts. Et puis l'Angleterre, c'est pas mal plus cool! C'était où ce truc, au fait? Il y a des endroits vraiment ennuyeux au Canada...<br /> <br /> Ceci dit, rien ne t'empêche de les relancer, je suis certaine qu'ils auraient quelque chose. Il y a tellement de roulement en francisation. Ou bien tu peux faire du Canada ta prochaine destination touristique ;-)<br /> <br /> Bonne chance dans ta propre réorientation. Je suis tes démarches avec intérêt.
S
Malgré la colère que tu laisses échapper (de manière tout à fait justifiée), ton nouveau job a l'air passionnant lui aussi. Bonne chance dans cette voie-là ! C'est toujours encourageant de se sentir valorisé et apprécié, c'est ce qui alimente la motivation et les efforts déployés. :-)<br /> <br /> Sinon je m'éloigne un peu mais en 2005, un organisme canadien de francisation, Canadian Parents for French, m'avait proposé un poste suite à une étude que j'avais réalisée sur eux dans le cadre de ma dernière année universitaire. J'avais fait la connerie de refuser car je voulais absolument me diriger vers la traduction et je ne voulais pas non plus partir si loin, mais j'ai pris conscience il y a un bon bout de temps que c'était sans doute ma pire connerie sur le plan professionnel, lol ! Qu'est-ce qu'on peut être bête quand on est jeune diplômé... ;-)
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