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Six heures plus tard: Stockholm
5 septembre 2008

Dans le noir

Noir

S'il y a bien des choses que l'on fait dans le noir, manger n'est habituellement pas la première activité qui nous vient à l'esprit. C'est pourtant ce qu'offre le restaurant O.Noir de la rue Ste-Catherine: un repas gastronomique dans l'obscurité la plus totale.

Je voulais l'essayer depuis un moment, et c'est la visite d'une copine qui m'a enfin décidée à y mettre les pieds. En entrant, on laisse nos sacs et objets lumineux dans des casiers et on commande notre repas (parce que bon, s'il faut commencer à lire le menu dans le noir en plus, c'est pas gagné..). Mon âme aventurière a osé le "plat surprise". Ensuite, un guide est venu nous chercher. Comme tous les serveurs, il était non-voyant... mais les rôles allaient bientôt être inversés! Nous l'avons suivi, main gauche à l'épaule, dans une salle complètement noire. "Vous aimez la décoration?" a-t-il dit à la blague. En fait, on ne voyait absolument rien. Que du noir. On avait beau se passer la main devant les yeux: niet. On a tapoté un peu partout, tracé les contours de la table des doigts, on s'est retournées à la recherche d'un repère, mais rien.

Viennent ensuite les acrobaties prévisibles... beurrer son pain sans s'en foutre partout, trancher sa viande et repiquer le morceau coupé dans l'assiette, retrouver où on a posé son couteau, prendre son verre d'eau (épreuve que notre voisin de table a échoué lamentablement, si l'on peut en croire le bruit de verre brisé). La découverte du plat surprise fut particulièrement intéressante. J'ai trifouillé avec ma fourchette, essayant de comprendre ce qu'il y avait dans mon assiette... ici le mou d'un champignon, là un truc plus dur. On essaie de se tailler un petit bout pour goûter, puis on approche ensuite la fourchette de sa bouche avec ce qui s'avère finalement être un morceau de la taille d'une carte à jouer, ou avec parfois rien du tout. Puis, n'y tenant plus, on sonde stratégiquement du doigt l'assiette, question de se faire une idée de la configuration des aliments.

Du reste, l'ambiance est surréaliste. Les rêveurs pourront s'imaginer dans l'univers de leur choix... un grand restaurant du siècle dernier, une station futuriste, une taverne de pirates. Tout ce qu'on entend c'est une douce musique classique couvrant quelques conversations, et des serveurs qui déambulent de temps à autre en répétant "attention, attention". Et là, vous n'avez pas à vous soucier des bonnes manières. Vous pouvez mettre les coudes sur la table, parler la bouche pleine, et je suis certaine que certains impolis en profitent même pour lécher leur assiette (euh, oui, enfin... moi). 

Une expérience à vivre qui nous fait réaliser à quel point les non-voyants sont autonomes et ne sont pas à plaindre. La vue est un cadeau, bien sûr, mais en goûtant la nourriture, en écoutant autour de nous, en touchant la texture de la nappe et du mur, nous prenons conscience qu'elle n'est qu'une des nombreuses dimensions du monde. Rappelons que 5% des profits sont versées à des organismes oeuvrant auprès des non-voyants.

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Commentaires
M
Guy-Concordia! C'est juste à côté de l'université, sur Ste-Cat. Ça vaut la peine comme expérience, mais ce n'est pas donné non plus, comme toutes bonnes choses.
M
Bon, la prochaine fois que je vais à Montreal, je lis ton blog avant!!! <br /> <br /> si c'est sur Ste Cath, il y a des chances que ce soit sur la ligne verte.... ;) quelle station??
M
Haha! ;-) J'avoue que je me suis surpassée dans le choix des tons et des couleurs.
B
Très jolie photo, en tout cas, très réussie ! ;-)
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